Encore un vendredi de forte mobilisation à Béjaia. Les signes d’une marche grandiose ont été visibles avant même d’arriver au lieu habituel du départ de la manifestation hebdomadaire. Au niveau de la gare routière, le génie populaire a inventé un arrêt qui s’appelle désormais « la marche ». Vers 13h, la majorité de ceux qui transitent par la gare afin de rejoindre la ville avaient une seule destination : la marche de la dignité.

Au niveau d’Aamriw, l’esplanade de la maison de la culture ne pouvait pas contenir tout ce monde déterminé à dégager les résidus du système. Les discussions et les échanges avant la marche sont de véritables forums de débats, qui reflètent une conscience politique des plus intéressantes.
Les carrés se forment et les manifestants entament la marche en scandant des slogans qui confirment le rejet massif des élections du 12 décembre.

La créativité artistique qui émane d’un génie populaire impressionnant ne pouvait pas passer inaperçue. Des marcheurs en tenue des pays du golf ont brandi des pancartes où on pouvait lire « djina min El Imarat n3amrou el istimarat » « on est venu des Emirats pour remplir les formulaires des candidatures ». Une symbolique qui ferme la porte à toute tentative d’ingérence et de soutien étranger à la dictature militaire qui veut imposer des élections dans des conditions héritées du régime de Bouteflika.

La revendication d’un processus constituant et d’une transition démocratique a été fortement réaffirmée par la population de la ville des Hamadites.
A 15h, la ville de Bougie a tenu à souffler la 22éme bougie du détenu Ahcen Kadi, militant du RAJ incarcéré à la prison d’El Harrach et qui fête son anniversaire ce 4 octobre.
Sur un autre volet, les manifestants ont tenu à dénoncer la loi sur les hydrocarbures qui va compromettre d’une manière sérieuse l’avenir économique de notre pays : « Sahara ba3ouha, wellah ma nvoti », « Ils ont vendu le Sahara, je ne voterai pas », un autre slogan qui prouve que cette révolution est consciente de tous les enjeux politiques et géopolitiques.

Les manifestants se sont dispersés dans le calme, en se donnant rendez-vous pour réussir plusieurs actions programmées au cours de la semaine prochaine.
Moussa Nait Amara