Le peuple Algérien a boycotté les urnes : Les militaires choisissent, par vote, leur représentant civil
ِComme prévu, le peuple Algérien n’a pas participé aux présidentielles de ce jeudi 12 décembre. Très tôt, des millions d’Algériens ont investi les rues pour exprimer leur boycott total des urnes. Dans certaines régions, comme Bouira, les forces de l’ordre ont bouclé la ville pour empêcher les milliers de citoyens de booster les manifestations qui se déroulaient dans cette cité frondeuse. Seuls ou presque, les militaires ont voté. Le chef de l’Etat qui sortira des urnes ne sera que celui des militaires.
L’armée instruite par ses services de renseignement sur le rejet massif des Algériens de ces élections a mobilisé toutes ses troupes pour voter à la place des civils. Des milliers de soldats en tenue civile ont envahi les bureaux de vote pour faire croire que l’adhésion populaire à ce simulacre est intacte. L’absence de génie dans la manipulation des images a fait oublier aux tenants du pouvoir d’injecter quelques éléments féminins ou âgées dans ces groupes militaires pour réussir le décor.
Les chaines de télévision mises en ordre de marche par le commandement militaire ont dû puiser dans leurs archives de 2014 pour combler le vide et corriger le tir. Ainsi, un internaute fut choqué de bon matin de voir sur une chaine TV les images de son père qui avait participé aux élections de 2014, décédé depuis, défiler sur l’écran.
En parallèle avec cette manipulation médiatique grotesque, les vidéos partagées par les internautes sur les réseaux sociaux montrent des marches et des rassemblements grandioses dans toutes les villes du pays. Les manifestants scandent des slogans hostiles aux élections et au chef d’état major de l’armée. Au dessus des têtes, des hélicoptères prennent la mesure de la révolution populaire en marche.
Dans certaines villes comme Alger, Bouira, Setif, Biskra, Chlef, Mostaganem, Mascara, Annaba, Constantine, les forces de l’ordre ont réprimé les marches et procédé à des interpellations. Mais le pic de la répression est atteint à Bouira où trois jeunes ont vu leurs yeux éclatés. Dans cette ville du centre du pays, les manifestants ont pu fermer quelques centres de vote et incendier complétement le siège de l’Autorité nationale des élections. Ce qui rend techniquement les élections annulées au niveau de la wilaya.
A Alger, malgré une répression féroce et un déploiement exceptionnel des unités CNS, les centaines de milliers de manifestants ont réussi à imposer leur présence au niveau de la Grande poste et des boulevards attenants. Les policiers ont fini par se retirer sous les applaudissements des manifestants.
Nadia Mehir