Dans une déclaration rendue publique aujourd’hui l’ONG Riposte Internationale a fermement dénoncé la réapparition du discours haineux destiné à stigmatiser la Kabylie, à la triste occasion de la disparition de l’ambassadeur de la chanson algérienne dans le monde le chanteur universel Idir.
Riposte internationale relève le paradoxe tout au début de sa déclaration. « La triste nouvelle de la disparition de l’artiste Idir a bouleversé non seulement sa famille, ses proches ainsi que des millions d’Algériens et de Tamazgha , mais aussi de nombreux citoyens, des personnalités du monde médiatique, artistique et politique tant en Algérie qu’un peu partout dans le monde, comme en témoignent les innombrables hommages et messages de condoléances rendus publics ».
« Paradoxalement cet événement tragique est l’occasion saisie par certaines personnes pour déverser sur internet et les réseaux sociaux un discours haineux et xénophobe ciblant le regretté Idir et sa région d’origine, la Kabylie, alors que sa disparition est un choc même pour celles et ceux qui ne comprennent pas un traitre mot de ses chansons », ajoute Riposte internationale.
L’ONG a rappelé aussi que « Cette compagne de dénigrement des personnalités de cette région n’est, cependant, pas nouvelle ; elle est relancée à différentes occasions y compris en période de deuil frappant la Kabylie et n’épargne aucune catégorie sociale : écrivains, intellectuels, artistes, politiques, footballeurs… et rien ne trouve grâce aux yeux de ses auteurs. Aujourd’hui, elle cible le défunt Idir, hier ce fut Mammeri, Djaout, Arkoun, Matoub, Ait Menguelat, Ait Ahmed, Slimane Azem, Zidane… et même le directeur des affaires religieuses de Bejaia n’y a pas échappé, il est vilipendé pour avoir tout simplement rendu un hommage émouvant au regretté Idir ».
Les habituelles accusations destinées à diviser le hirak ont été énumérées et dénoncées dans le texte de Riposte internationale. « Pour diviser et affaiblir le hirak, le régime fait agiter tantôt le spectre de « la main de l’étranger » et tantôt la « menace kabyle », les habitants de Kabylie sont qualifiés de « zouaves », une mystérieuse opération « zéro Kabyles » est lancée lors d’une rencontre tenue du 18 au 20 août 2019 dans l’Ouest du pays pour empêcher l’ascension supposée des Kabyles , et les autorités y ont procédé à la fermeture d’une douzaine d’églises afin d’indexer la Kabylie et de la singulariser et la montrer du doigt », lit-on dans la déclaration.
L’organisation non gouvernementale n’a pas omis de préciser que « cet ostracisme concerne non seulement la Kabylie qui a payé un lourd tribut, notamment lors de l’insurrection citoyenne de 2001 dont la répression s’est soldée par plus de 128 morts, des centaines de blessés et de jeunes handicapés à vie, mais aussi les populations de certaines régions berbérophones, comme les Aurès et le M’zab. Pour avoir lancé une révolte sociale en 2003, de jeunes chaouis de la localité de Tkout dans les Aurès ont été torturés par des éléments des forces de sécurité. En 2014, la région du M’zab dans le sud a connu à son tour une répression sauvage à la suite d’un soulèvement massif pour dénoncer le traitement répressif qu’elle continue de subir, dont certains jeunes mozabites croupissent encore en prison. Plus grave le docteur Kamel Eddine Fekhar, figure emblématique de cette contestation citoyenne, est assassiné en prison le 28 mai 2019 à la suite d’un refus de soins de l’administration pénitentiaire et Maître Salah Dabouz, avocat de Fekhar, a dû subir beaucoup de menaces et de pressions, ainsi que beaucoup d’autres citoyens du Mzab à l’instar de nombreux opposants politiques, journalistes, militaires et intellectuels».
Riposte internationale revient dans sa déclaration sur les objectifs de cette stratégie machiavélique qui vise à perturber la reprise certaine du hirak.
« Paniqué par la reprise certaine et plus déterminée du hirak, le pouvoir du fait accompli opte pour cette stratégie diabolique qui tente de stigmatiser la Kabylie et du coup diviser le hirak. La vigilance doit être de rigueur devant cette attitude xénophobe et malheureusement officielle », précise t-on dans la déclaration de cette ONG.
Moussa N.A