L’avocat Abderraouf Areslan maintenu en détention : Les robes noires appellent à une réaction
Colère et indignation chez les avocats ! La décision prise, aujourd’hui 1e juin, par la chambre d’accusation près la Cour de Tébessa de maintenir, Abderraouf Areslan, membre du collectif de défense des détenus du Hirak, sous mandat de dépôt a suscité, en effet, de vives réactions au sein de la corporation des robes noires.
Aussitôt après l’annonce de cette décision, plusieurs avocats, particulièrement ceux engagés dans le Hirak, sont montés au créneau pour dénoncer une grave atteinte aux droits de la défense.
La première réaction est venue du barreau de Tébessa qui a convoqué, cet après-midi, une réunion d’urgence pour décider d’entamer une grève illimitée et un boycott de toutes les audiences au niveau des tribunaux et de la Cour de la wilaya, en guise de protestation contre cette décision qualifiée « d’atteinte aux droits de la défense ».
Des appels sont aussi lancés pour des actions nationales, dont une marche à Alger. Parmi les réactions, il y a celle de Me Mokrane Aït Larbi. « Nous sommes tous concernés », lance ce militant des droits de l’homme. Dans une déclaration postée sur sa page Facebook, il dénonce en effet un précédent grave.
« Notre collègue Abderraouf Areslan a été placé sous mandat de dépôt sans raison légale. Avant cette affaire, les autorités n’avaient pas osé emprisonner un avocat en raison de ses déclarations politiques ou ses opinions. Car l’avocat ne peut être emprisonné ni poursuivi en raison de ses déclarations et ses propos, car cela fait partie de ses tâches quotidiennes », indique-t-il.
« Si l’avocat transgresse ses prérogatives légales, il y a un conseil de discipline. La justice n’a rien à voir dans ce domaine. Mais, aujourd’hui, l’emprisonnement devient la règle et la liberté l’exception », ajoute-t-il.
Mokrane Aït Larbi précise que « l’emprisonnement de notre collègue pour ses opinions laisse penser que les autorités politiques ont préparé une liste d’avocats actifs à mettre en prison ». «Par conséquent, tous les avocats au niveau national sont tenus de boycotter toutes les séances à une date devant être déterminée par les organisations d’avocats et cela jusqu’à la remise en liberté de Abderraouf Areslan », appelle-t-il.
Très actif sur la scène, Me Abdelghani Badi a posté un message clair sur sa page Facebook, accompagné de la photo de son collègue Abderraouf Areslan : « La décision est maintenant entre la main des avocats. Soit nous affirmerons notre existence, ou nous disparaitrons. Il faut s’opposer à la reproduction du modèle égyptien en matière de la contre-révolution ». « Nous devons passer à l’escalade dans la protestation », enchaîne pour sa part, Me Aissa Rahmoune du barreau de Tizi Ouzou.
De son côté, Me Zoubida Assoul affirme que « maintenir notre confrère Areslan en détention provisoire est un affront aux 48000 avocats et au droit de la défense ». « Nous devons réagir vite avant qu’il ne soit trop tard pour défendre les libertés consacrées par la Constitution de l’Algérie Nouvelle », ajoute-t-elle dans un nouveau post sur sa page Facebook.
MAssinissa Ikhlef